Immonot, l'immobilier des notaires
Expert - 23 Mars 2020

Interview d'Henry Buzy-Cazaux
"L'immobilier de valeur refuge à valeur d'avenir"


Interview d'Henry Buzy-Cazaux - L'immobilier de valeur refuge à valeur d'avenir

Si l'immobilier se met en quarantaine pour éradiquer le coronavirus, ses principaux acteurs en profitent pour s'organiser le temps du confinement… Avec la perspective de hisser la pierre au rang de valeur d'avenir, comme en témoigne le Président fondateur de l'Institut du Management des Services Immobiliers, Henry Buzy-Cazaux. Découvrons en quoi le marché se veut porteur d'espoir au sortir de la crise.

Que conseillez-vous aux acquéreurs dans le contexte de crise ?

Henry BUZY-CAZAUX : les acquéreurs doivent profiter de ce moment pour construire leur projet logement, sans pression, mais sans spéculer sur un malheur économique qui leur ferait faire une bonne affaire. Au contraire, l'immobilier va rester un repère et aucun effondrement n'est à attendre. Je suis même sûr qu'on va passer de la valeur refuge à la valeur d'avenir ! En achetant un bien immobilier et en s'endettant à long terme, on préempte en quelque sorte le futur, avec le sentiment de le construire et de prendre le pas sur les risques qui le menacent.

Quel est l'impact de la crise sur les transactions immobilières ?

Henry BUZY-CAZAUX : en pratique, la situation se débloque et une partie des quelques 100 000 ventes en cours vont pouvoir se conclure. Les textes eux-mêmes vont s'adapter, alors que le gouvernement a pris le premier train d'ordonnances sans cependant voir toutes les conséquences. Ainsi, le décret permettant la signature des actes notariés à distance est paru, comme arrivera bientôt celui levant l'interdiction de procéder à une vente en l'état futur d'achèvement sans que les parties soient présentes devant le notaire. Il faut aussi raccourcir le délai concédé pour la faculté de rétractation, excessif en l'état des textes pris. Enfin, peut-il se conclure de nouvelles ventes dans l'existant ? C'est pratiquement impossible. Si les visites virtuelles peuvent faire mûrir une acquisition, si un acquéreur peut avoir accès à toutes les informations sur un bien, il ne pourra pas le visiter réellement. Par ailleurs, nombre de ménages vont être économiquement fragilisés par la crise et cette désolvabilisation va contrarier des projets immobiliers, en tout cas les différer.

Pourquoi les ventes sont-elles freinées ?

Henry BUZY-CAZAUX : si la situation est aujourd'hui assez claire, elle met en lumière un paradoxe. L'exécutif veut la poursuite de l'activité, mais a pris des ordonnances qui la figent. Stricto sensu, les services publics nationaux et territoriaux sont mis entre parenthèses pendant la durée de l'état d'urgence, c'est-à-dire même au-delà du confinement, et encore un mois après. Or, les notaires ne peuvent rien sans recourir aux services de la publicité foncière ou encore aux services d'urbanisme des mairies.

Quels sont les effets au niveau de la construction ?

Henry BUZY-CAZAUX : la construction se voit presque figée à cause de la crise sanitaire. Encore indéniable après une trentaine de jours suivant le début du confinement, ce constat est à préciser. S'agissant des chantiers dans le neuf, ils se sont interrompus pour deux raisons. D'abord parce que les entreprises tous corps d'État n'ont pas été en mesure de préserver la santé de leurs équipes, manquant de matériels de protection, de méthodes aussi. Ensuite parce que l'acheminement des matériaux ne se faisait que très difficilement. Sur le premier point, la situation va pour partie se débloquer : un guide des bonnes pratiques vient d'être édité, fruit de la concertation entre les fédérations patronales du bâtiment, les syndicats de salariés et le gouvernement. D'autre part, les entreprises vont avoir un meilleur accès aux masques et aux gants indispensables. Ce sont sans doute de l'ordre de 20 % des chantiers qui vont redémarrer. On est loin du plein régime, mais c'est déjà remarquable. On peut regretter que la ministre du travail ait reproché à ses acteurs d'avoir à tort cessé de travailler... Les patrons comme les ouvriers incarnent le courage !

Quelles mesures proposeriez-vous de prendre pour relancer l'activité ?

Henry BUZY-CAZAUX : L'État ne pourra en effet pas faire l'économie d'un plan de relance pour l'immobilier. Il faudrait selon moi rétablir l'APL (aide personnalisée au logement) pour l'accession, que cet exécutif a supprimée à son arrivée, et aussi le prêt à taux zéro et le dispositif Pinel dans leurs périmètres d'origine. Il serait également opportun de tenir la promesse, remise en question, de supprimer la taxe d'habitation pour les 20 % de foyer ayant les revenus supérieurs. Enfin, Il est essentiel que les départements ne soient pas tentés d'augmenter les droits de mutation à titre onéreux. Je plaide même pour une franchise provisoire de droits sur les 100 000 premiers € de toute acquisition !

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