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Questions à mon notaire - 18 Avril 2025

Recel et détournement d'héritage, quand la succession devient source de conflits


Recel et détournement d'héritage, quand la succession devient source de conflits

Bien mal acquis ne profite jamais… surtout en matière d'héritage. L'argent peut diviser les familles, notamment lorsqu'un décès survient et que les biens du défunt doivent être partagés. La succession, censée se dérouler dans le respect du droit, peut alors être entachée par des pratiques frauduleuses comme le recel successoral ou le détournement d'héritage. Ces infractions peuvent avoir de lourdes conséquences juridiques pour les héritiers mal intentionnés.

Héritier mal intentionné
Attention au recel successoral

On connaît le recel de biens volés, mais le recel successoral, pourtant bien réel, est moins médiatisé. Il s'agit d'un comportement frauduleux d'un héritier qui tente de s'approprier une part d'héritage plus importante que celle qui lui revient légalement dans la succession. Bien que la loi ne définisse pas précisément le recel successoral, il est reconnu par la jurisprudence et les professionnels du droit des successions.
Deux éléments sont nécessaires pour le caractériser :

  • Un élément matériel, tel que la dissimulation d'un testament, l'omission de certains biens dans la déclaration de succession, le silence sur une dette envers le défunt ou encore la destruction d'un document influant sur le partage
  • Un élément intentionnel, c'est-à-dire la volonté délibérée de priver les autres cohéritiers de leur part d'héritage. Il doit s'agir d'une fraude et non d'une simple erreur.
Seuls les héritiers ou les créanciers peuvent intenter une action en justice pour recel de succession. Cette action doit être exercée dans les 5 ans suivant l'ouverture de la succession. L'héritier qui se dit lésé doit démontrer les deux éléments constitutifs du recel : la matérialité des faits et l'intention frauduleuse. Cette preuve est souvent difficile à rapporter, mais nécessaire pour rétablir ses droits dans l'héritage.

Sanctions Dans une succession, tout héritier qui dissimule des avoirs ou manipule le défunt pour obtenir un avantage injustifié s'expose à des sanctions sévères. Il devra restituer ce qu'il a indûment obtenu, indemniser les autres héritiers, et pourra même perdre ses droits à l'héritage. La justice peut également annuler un testament ou une donation obtenus sous la contrainte ou par manipulation. Le détournement d'héritage peut aussi relever de l'abus de faiblesse, puni de 3 ans d'emprisonnement et de 375 000 € d'amende. En cas de falsification de documents (testament, chèques…), on parle d'escroquerie, un délit passible de 5 ans de prison et de 375 000 € d'amende.

Le détournement d'héritage par abus de faiblesse

Le détournement d'héritage, ou captation, est une forme grave de manipulation exercée par un tiers non héritier. Il consiste à profiter de la vulnérabilité d'une personne (âge avancé, maladie, fragilité psychologique…) pour l'amener à modifier sa succession. Le but ? S'approprier des biens ou des droits sur l'héritage. Cela peut passer par des moyens détournés comme l'usage abusif d'une procuration bancaire, le transfert injustifié de liquidités, la souscription d'une assurance-vie ou la désignation comme légataire universel. Souvent, ces actes sont commis par des personnes de confiance : voisin, ami, aide à domicile… ce qui rend la détection plus complexe.Plusieurs signaux doivent alerter les familles : la présence de testaments contradictoires, des signatures qui semblent falsifiées, des incohérences dans les documents officiels ou encore des mouvements bancaires suspects. Ces anomalies peuvent constituer des indices d'un détournement de succession et méritent une vigilance accrue de la part des héritiers.

À savoir Certaines professions ne peuvent pas recevoir des dons ou un héritage de la part des personnes qu'elles accompagnent, afin de prévenir les risques de malversations. C'est le cas par exemple des médecins vis-à-vis de leurs patients ou des tuteurs par rapport aux personnes sous protection. La loi applique ici une présomption irréfragable de captation d'héritage, ce qui signifie qu'aucune preuve ne peut être apportée pour justifier l'héritage ou le don reçu : il est automatiquement considéré comme frauduleux.

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