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Je transmets - 24 Novembre 2025

Petit patrimoine immobilier, préparer la transmission pas à pas


Petit patrimoine immobilier, préparer la transmission pas à pas

Un appartement payé au fil des années, une petite maison héritée des parents, un studio loué à un étudiant : dans beaucoup de familles, le patrimoine immobilier tient en quelques biens seulement. Pourtant, le jour où il faut les transmettre, les difficultés sont les mêmes que pour un patrimoine plus important : indivision compliquée, désaccords entre frères et sœurs, conjoint mal protégé, fiscalité mal anticipée.
L'objectif n'est pas de tout transmettre d'un bloc, ni de se lancer dans des montages compliqués. Il s'agit plutôt de construire une transmission progressive, adaptée à un patrimoine modeste, autour de quelques outils bien connus du notaire.

Anticiper pour éviter l'indivision subie

Lorsqu'un bien immobilier est laissé en l'état, il se retrouve souvent en indivision entre les héritiers. Chacun détient alors une part abstraite du bien, sans pouvoir isoler une pièce ou un étage. Toutes les grandes décisions (vendre, louer, engager des travaux importants) supposent des accords qui peuvent être difficiles à obtenir lorsque les situations de vie divergent.

Pour un appartement ou une maison de valeur moyenne, la marge de manœuvre financière est faible : impossible de racheter la part de chacun, difficile de supporter longtemps les charges si le bien reste inoccupé, compliqué de trouver une solution lorsque certains souhaitent vendre et d'autres non. C'est précisément ce scénario qu'une transmission préparée cherche à éviter.

Dès que le patrimoine comporte un ou deux biens immobiliers, il faut envisager plusieurs options avec son notaire : donations, donation-partagedémembrement de propriété, aménagement de la protection du conjoint. Dans certaines familles, la mise en commun de plusieurs immeubles au sein d'une SCI familiale permet aussi d'organiser la gestion sur la durée, mais ce n'est qu'une possibilité parmi d'autres, à réserver aux situations où plusieurs biens doivent être conservés ensemble.

Donner par étapes plutôt que tout à la fois

Le droit français prévoit un abattement spécifique entre parents et enfants, renouvelable après un certain délai, qui permet de consentir des donations d'argent ou de droits immobiliers sans droits de donation dans une certaine limite. Le montant et les conditions d'application doivent être vérifiés au moment de l'acte, car ils peuvent évoluer.

Dans une famille où le patrimoine est modeste, il est rare que ces plafonds soient atteints d'un seul coup. En revanche, ils constituent un cadre pour des aides régulières : participation à un apport pour un premier achat, contribution à des travaux dans un logement ancien, soutien à un enfant dont la situation est plus fragile. La donation peut porter sur une somme d'argent, mais aussi sur une fraction de la valeur d'un bien.

La donation-partage occupe une place particulière dans ce dispositif. Elle permet de répartir, de son vivant, une partie du patrimoine entre plusieurs enfants en fixant clairement ce que chacun reçoit. Pour un petit patrimoine, elle peut porter sur un seul bien, par exemple la nue-propriété d'un appartement, complété par une somme d'argent ou par des droits sur un contrat d'épargne. L'intérêt est double : les enfants connaissent la répartition décidée, et les valeurs retenues au jour de l'acte ne sont pas remises en cause lors de la succession, sauf exception prévue par la loi.

Quand une société civile a-t-elle un intérêt pour un petit patrimoine ?

La société civile immobilière fait souvent parler d'elle, parfois comme s'il s'agissait d'une solution universelle. En réalité, elle n'est utile que dans certaines configurations. Pour un patrimoine modeste, son intérêt se manifeste surtout lorsque plusieurs biens doivent être gérés en commun sur la durée.

Le principe est simple : les immeubles ne sont plus détenus directement par les parents et les enfants, mais par la société. Chaque membre de la famille possède des parts sociales. La société devient propriétaire de la maison de campagne, du studio loué, éventuellement d'un petit local professionnel. Les décisions sont prises selon les règles fixées par les statuts : pouvoirs du gérant, type de majorité pour une vente, possibilité de prévoir des clauses de préemption entre associés.

Ce cadre peut être précieux lorsque la fratrie est nombreuse, que les biens sont destinés à rester dans la famille et que les profils sont très différents : un enfant très impliqué dans la gestion, un autre installé loin, un troisième qui n'a pas les moyens de racheter les autres. Les parents peuvent alors transmettre progressivement des parts, avec ou sans démembrement, tout en gardant la direction de la société pendant un certain temps.

Mais la société a un coût : frais de constitution, obligations de gestion, formalités régulières. Pour un seul appartement ou une simple maison, une donation-partage ou un démembrement de propriété suffisent souvent. Le notaire aide à trancher en fonction de la valeur des biens, du nombre d'héritiers, de la volonté de conserver les immeubles ou de les vendre à moyen terme.

Penser aussi au conjoint et à l'égalité entre enfants

La transmission aux enfants ne doit pas fragiliser le conjoint survivant. Selon le régime matrimonial et la composition de la famille, les droits du conjoint varient. Avant de multiplier les donations, pensez donc à vérifier, avec le notaire, ce qui restera réellement au conjoint après le décès : droits sur la résidence principale, part sur les biens communs, éventuelle donation entre époux déjà signée ou à mettre en place.

L'égalité entre enfants mérite également une vraie réflexion. Dans les familles où le patrimoine est modeste, il est fréquent que l'un des enfants reçoive une aide plus tôt que les autres, par exemple pour acheter un logement. Si cette avance est importante au regard du patrimoine global, il faut la formaliser, soit en l'intégrant plus tard dans une donation-partage, soit en prévoyant un rééquilibrage lors de la succession.
Le notaire peut proposer plusieurs scénarios : laisser aux parents l'usufruit d'un bien tout en répartissant la nue-propriété entre les enfants, réserver un logement au conjoint, organiser la vente d'un bien avec partage du prix entre les héritiers, ou maintenir un bien commun dans une structure adaptée lorsque tous souhaitent le conserver.
 

Qu'il s'agisse d'une maison de famille, d'un appartement de centre-ville ou d'un petit logement loué, un patrimoine immobilier modeste mérite d'être préparé avec autant de soin qu'un patrimoine plus conséquent. L'anticipation permet d'aider les enfants au moment où cela leur est le plus utile, d'éviter des indivisions subies et de limiter les droits de succession, tout en préservant les ressources des parents et la place du conjoint.

Un rendez-vous avec son notaire reste la meilleure façon de passer en revue les options possibles, chiffres à l'appui, et de bâtir une transmission progressive qui respecte à la fois le patrimoine, la loi et les relations entre les membres de la famille.

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