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Actualités - 02 février 2017

Les folies du carnaval

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Christophe Raffaillac

Les folies du carnaval

Quand donc commencèrent les folies du carnaval en France et pourquoi les avoir fixées à cette date ? Il existe autant de réponses que de questions avec un point commun, l'implication de l'Eglise qui voulut les réglementer. Pourtant, bien avant l'apparition du Christianisme, elles sembleraient prendre leurs prémices dans les Saturnales organisées par les Romains.

Il est bien connu qu’après chaque épreuve et en particulier après chaque guerre, les hommes ont voulu oublier leurs épreuves passées. Ce fut le cas au XVII siècle. Un prêtre du nom de Bélétus rapporte de bien étonnants témoignages de l’implication du clergé dans ce domaine. Dans les églises, il décrit l’attitude des évêques et des prêtres qui dansent et jouent à la paume tandis que les chanoines alignés sur deux files « traînent un hareng fumé  jusqu’à la sortie !». À Sens, c’était un âne le héros de la fête. On l’introduisait dans le chœur et l’on chantait :
« Hé, sire âne, car chantez
Vous aurez  du foin assez
Et, de l’avoine a  plantez ».
À Paris, mieux encore, le roi Philippe le Bon, en délicatesse avec le Pape, va instaurer la fête du renard. L’animal, chapeauté d’une tiare et enveloppé dans un surplis, se jetait sur une volaille censée représenter le pontife de l’époque.

Quand les nonnes s’en mêlent
Ces étonnantes festivités vont durer jusqu’à la Révolution avec des variantes telles que « la Fête des Fous » organisée par la Confrérie des Sots puis celle des Connards, sous Louis XIII et celle des Coqueluchiers qui resta très en vogue dans toute la France, en particulier à Evreux et à Rouen. Toutes avaient un but commun : brocarder les pouvoirs en place et en particulier ceux du Haut Clergé. L’Église va supporter plus ou moins bien ces critiques publiques jusqu’au jour où ce furent les nonnes qui se lancèrent dans la danse. Ne voilà t-il pas que ces supposées chastes et prudes religieuses vont jeter ce jour-là leurs vêtures aux orties pour défiler en ville avec à leur tête une « petite abbesse » élue pour la circonstance, toutes chantant ce couplet à double sens :
« Egressus est sine licentia
Pour aimer voir Donia Venitia
Et faire la ripaille ».
Le prieur de l’abbaye Saint-Taurin à Rouen et Venisse l‘abbesse de Saint-Sauveur étaient clairement accusés de relations coupables et tous de défiler en chantant sous les murs de ces édifices.

Jusqu’à la Révolution
Sous Louis XIV et durant la Régence de Louis XV, les traditions vont se perpétuer. Des hauts personnages du royaume comme Guillaume de Torsca et Georges Aimon vont créer, au XVIII siècle, le Régiment de la Calotte et celui de la Mère-Folie avec une obligation pour ses membres, prononcer un discours de la plus grande extravagance raillant à l’extrême les pouvoirs politiques et religieux. Tout cela se passait durant la triste et grise période de Carême. Ce furent les Révolutionnaires qui abolirent ces festivités. Alors, que penser de toutes nos actuelles fêtes ? Sont-elles plus joyeuses que celles d’antan ?

René Margeridon

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