Fissures dans la pierre à surveiller !
La hausse de taux d’intérêt commence à laisser quelques stigmates dans l’immobilier. Le rythme des transactions et le niveau des prix fléchissent en raison des projets suspendus aux accords de prêts… Découvrons les prévisions qui traduisent quelques préoccupations chez les notaires correspondants de la Tendance du marché immobilier.
Tendance concernant l'activité
Les négociateurs y croyaient, avec les beaux jours, comme l’an passé, le marché allait repartir et le retournement se confirmer. Malheureusement il n’en a rien été et l’activité s’est de nouveau dégradée. Or, durant les vacances et en dehors des lieux touristiques, les clients ne se pressent pas dans les études et les 2 mois à venir seront difficiles pour beaucoup. Ce qui inquiète certains, notamment Me CHARRIER à La Flèche dans le Maine et Loire, c’est que « la baisse d'activité depuis le mois de mars, concerne aussi bien la rentrée de mandat que les contacts et visites avec les acquéreurs ». Il faut dire aussi que les médias amplifient beaucoup le pessimisme ambiant, ce qui n’encourage pas les acquéreurs potentiels. Si la proportion de nos correspondants à prévoir une activité en déclin évolue fort peu à 50 %, celle prévoyant une amélioration s’effondre de 17 % à 5 % et celle prévoyant la stabilité passe de 31 % à 45 %. Ce qui signifie qu’une plus large partie du territoire qui, rappelons-le est majoritairement rural, connaît maintenant la crise.
Tendance concernant les prix
Le marché semble grippé et les prix poursuivent un peu partout leur descente au grand dam des vendeurs qui pensent, en dépit des annonces, pouvoir trouver l’acheteur idéal ignorant encore cette évolution. Or, les primo-accédants paraissent avoir complètement disparu du paysage. Rappelons que chez eux, l’achat est financé pour 10 % par la réalisation d’une épargne financière et pour 90 % par un emprunt à taux et mensualités fixes, celles-ci étant passées en moyenne de 15 mois en 2000 à 24 mois actuellement. Cela entraîne des durées de remboursement de plus en plus importantes et donc plus aléatoires pour les banques.
Pour l’essentiel c’est donc un marché de renouvellement qui domine. C’est-à-dire que les acheteurs potentiels doivent prioritairement revendre un bien qu’ils détiennent dans un marché en baisse. Cela les amènent à être plus exigeants dans leur choix et surtout sur les prix. Il est donc assez logique que la baisse s’étende à tous les niveaux. D’où des prévisions de nos correspondants de plus en plus négatives. Pour les logements, la proportion de ceux prévoyant une baisse des prix augmente en 2 mois de 60 % à 78 %, alors que 22 % estime leur maintien au niveau actuel et 0% une hausse. Pour les terrains, ces chiffres demeurent assez stables d’un mois sur l’autre, les proportions étant respectivement de 57 %, 43 % et 0 %, contre 59 %, 38 % et 3 % il y a deux mois.
Le conseil des notaires
Le marché étant continument baissier depuis plus d’un an les conseils dans leur majorité sont orientés à la vente, soit en pourcentage, 79 % pour les logements et 53 % pour les terrains. Dans le premier cas, un petit nombre de nos participants, 13 %, maintiennent leurs conseils à l’achat. Ils sont dans des régions privilégiées où, comme le précise Me ODY à La Guerche de Bretagne, le marché s’est stabilisé au niveau des prix et la demande reprend.
Pour les terrains à bâtir, la proportion des acheteurs est beaucoup plus importante et demeure relativement stable soit 33 % contre 36 % lors de notre dernière enquête, avec une proportion toujours importante des hésitants, le marché étant difficile à apprécier à plus long terme.
Évolution de l'environnement économique
En dépit d’une certaine morosité du climat des affaires, quelques bonnes nouvelles apparaissent. La production industrielle a augmenté plus que prévue en avril et mai notamment grâce à un rebond dans les industries agro-alimentaires et l’automobile. Renault est ainsi redevenue la première marque la plus vendue en France et la deuxième en Europe. Parallèlement, on assiste à une légère augmentation du taux d’épargne des ménages avec une augmentation plus rapide des revenus disponibles par rapport à celle des dépenses de consommation.
Bernard THION
Bordeaux, le 16 juin 2023