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Le notaire et les successions - 17 Juillet 2025

Succession : idées reçues sur l'assurance-vie


Succession : idées reçues sur l'assurance-vie

Véritable couteau suisse à utiliser pour gérer son patrimoine, l'assurance-vie nécessite un petit manuel d'utilisation pour tenir compte d'idées reçues.   

Idée reçue n°1 : l'assurance-vie est réservée aux personnes âgées

Client : Bonjour Maître. 64 ans, je suis enfin à la retraite. Je souhaiterais " prévoir ". On m'a parlé d'assurance-vie, c'est pour les personnes âgées !

Notaire : Faux. Si vous versez des primes avant 70 ans, vous pouvez transmettre, pour le jour de votre décès, jusqu'à 152 500 € en franchise de droits au bénéficiaire de votre choix. Cet abattement s'appliquant par bénéficiaire, vous pouvez donc en gratifier plusieurs sans qu'ils s'acquittent de droits à votre décès. Si vous versez des primes après 70 ans, la somme se réduit et les conditions se resserrent : la somme n'est plus que de 30 500 € pour l'ensemble de vos contrats et bénéficiaires que vous aurez désignés (hors conjoint survivant).

Idée reçue n°2 : l'assurance-vie est hors succession

Client : J'ai une astuce. Je vais souscrire un contrat d'assurance-vie car c'est hors succession. 

Notaire : Vrai et faux ! Vrai, les capitaux d'assurance-vie ne sont pas portés à l'actif de la succession par le notaire dans la déclaration de succession, contrairement aux soldes bancaires, biens immobiliers, véhicules… De plus, ils ne sont soumis ni au rapport ni à la réduction, n'étant pas pris en compte pour le calcul de la quote-part que la loi réserve à certains héritiers, comme les enfants.
Mais, nuances :

  • civile : si vous placez des sommes trop importantes, le juge pourrait considérer que les primes sont exagérées et les réintégrer à l'actif de la succession. Ce serait une façon indirecte de priver vos héritiers de leur part de réserve.
  • fiscale : si vous versez des primes après vos 70  ans et au-delà de 30 500 € pour l'ensemble des contrats souscrits et des bénéficiaires, le notaire intègre à la liquidation fiscale la plus faible des deux sommes entre les primes versées après 70 ans et le capital versé. Les abattements successoraux seront alors appliqués au-delà de 30 500 €. Si ces derniers sont épuisés, des droits seront dus.

Idée reçue n°3 : on ne peut souscrire qu'un seul contrat d'assurance-vie

Client : J'ai souscrit un contrat d'assurance-vie auprès de mon ancienne banque. C'est dommage qu'on ne puisse souscrire qu'un seul contrat. 

Notaire : Faux. Vous pouvez souscrire plusieurs contrats, auprès d'une même compagnie ou de plusieurs, néanmoins…

  • Pour les primes versées avant 70 ans, l'abattement de 152 500 € ne bénéficiera qu'une seule fois à chaque bénéficiaire, pour l'ensemble des contrats souscrits à son profit.
  • Pour les primes versées après 70 ans, l'abattement de 30 500 € ne bénéficiera qu'une seule fois aussi.

Idée reçue n°4 : on ne peut pas modifier la clause bénéficiaire

Client : J'avais souscrit un contrat d'assurance-vie au profit de ma compagne. Elle m'a quitté. Il paraît que je ne peux plus changer ma clause bénéficiaire. 

Notaire :  Vrai et faux !
Vrai : si le bénéficiaire a accepté le contrat, vous ne pouvez plus changer la clause bénéficiaire.
Faux : tant que le contrat n'est pas accepté, vous pouvez changer votre clause bénéficiaire. 

Idée reçue n°5 : le partenaire pacsé bénéficie automatiquement des contrats

Client : Je viens de me pacser. Le partenaire pacsé bénéficie-t-il automatiquement des contrats ? 

Notaire : Faux. Tout comme le partenaire pacsé n'a pas de vocation successorale automatique, le bénéfice de vos contrats d'assurance-vie ne lui reviendra pas automatiquement.

  • • " il est possible de désigner le bénéficiaire d'un contrat par testament, déposé au coffre de l'étude et inscrit au Fichier Central des Dispositions de Dernières Volontés, afin de le retrouver de manière certaine au décès. "

     

Idée reçue n°6 : il n'est pas possible de prévoir une clause démembrée

Client : Le banquier m'a fait signer un contrat en indiquant comme bénéficiaire " mon conjoint, à défaut mes héritiers ". Dommage qu'il ne soit pas possible de transmettre l'usufruit à mon conjoint et la nue-propriété du bénéfice de mon contrat à mes enfants, comme dans l'acte de donation-partage que j'ai régularisé avec vous.

Notaire : Faux. Il est possible de prévoir une clause en démembrement de propriété : usufruit pour votre conjoint et nue-propriété pour vos enfants. Cela permet la même optimisation fiscale que pour une donation. Vos enfants récupèreront l'usufruit au décès de votre conjoint, en franchise de droits.

Idée reçue n°7 : sans enfant, l'assurance-vie n'a pas d'utilité

Client : Souscrire un contrat d'assurance-vie lorsqu'on n'a pas d'enfant n'aurait aucune utilité…

Notaire : Faux. Cela peut avoir un intérêt fiscal majeur pour éviter les taux de taxation élevés. Par exemple, un frère ne bénéficie que d'un abattement de 15 932 € et se voit taxé à 35 et 45 %. Avec un contrat d'assurance-vie, la transmission peut se faire en franchise de droits pour 152 500 € versés avant 70 ans et pour 30 500 € après 70 ans.

Idée reçue n°8 : l'assurance-vie est très simple

Client : Finalement, l'assurance-vie, c'est simple ! 

Notaire : Faux. Il existe différents régimes civils et fiscaux. Pensez à consulter votre Notaire !

Céline SCHREIBER
Notaire à Saint-Médard-en Jalles

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