Immobilier 2020 : chronique d'un succès annoncé !
Fort de taux d'intérêt planchers et de prix stabilisés, le marché devrait surfer en 2020 sur la même vague de succès qu'en 2019. Les acquéreurs vont continuer à affluer pour profiter, en avant-première, d'opportunités immobilières.
Tendance concernant l'activité
L’année 2019 s’est achevée sur une note un peu terne, ce qu’avait anticipé notre panel dès le mois d’octobre. En période de fête avec, qui plus est, des difficultés dans les transports engendrées par des grèves à répétition, il paraissait difficile que l’activité se maintienne partout à un niveau élevé. La baisse semble avoir été plus sensible dans le Nord et la Bretagne que dans le Sud de la France. Globalement, 25 % de nos correspondants l’ont notée alors que 27 % avaient une opinion contraire et que 48 % constataient une stabilité dans le volume des compromis. Pour les deux prochains mois, les perspectives s’améliorent. La proportion des pessimistes diminue de moitié, celle des optimistes ne varie pas et celle des partisans d’une stabilité de leur activité bondit à 61 %. C’est ce qu’illustre le graphique dont les deux courbes, l’une pour l’activité passée qui rejoint les prévisions antérieures (0,02 pour 0,05 prévu en octobre) et l’autre pour les deux prochains (0,14 pour février en bleu foncé), résultent du calcul du solde entre ceux qui estiment que l’activité s’améliore (0,27 soit 27%) et ceux qui pensent le contraire (0,13).
Tendance concernant les prix
Finalement, les craintes de voir les conditions d’accès au crédit se resserrer semblent s’éloigner, bien que la dégradation des marges bancaires dans le secteur immobilier devienne un problème récurrent. Il est vrai que la Banque Centrale Européenne qui devait remonter ses taux cet automne les a finalement réduits pour atteindre un plancher record avec un taux négatif de 0,5 %. Cela afin de contrer les effets négatifs de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Les dernières déclarations de cette institution ne laissent que peu de doute sur la poursuite du faible niveau des taux. Les conditions actuelles du crédit, grâce à la surabondance des ressources pour financer l’économie qui alimente la concurrence entre les banques, favorisent donc les acheteurs. Hors assurance et coût des garanties, les ¾ des ménages qui empruntent bénéficient de prêts inférieurs à 1 % pour les durées sur 15 ans. En revanche, pour ceux qui empruntent à 25 ans, la moyenne se situe à 1,30 % avec des taux se rapprochant de 1,6 % pour les plus élevés. La tendance sur l’évolution des prix a donc repris une pente ascendante, la proportion de nos correspondants prévoyant une hausse étant remontée de 16 % à 21 %, 12 % penchant pour leur baisse et 67 % pour une stabilité des prix. Ce qui correspond notamment au ressenti de V. Kerharo près d’Angers qui précise : « Après avoir connu une hausse des prix et de la demande, le marché local reste tendu mais les prix se stabilisent ». Quant aux terrains, les prévisions, tout en demeurant positives, poursuivent leur décroissance, avec un affaiblissement du solde d’opinions que l’on retrouve aussi dans l’évolution des prix des commerces.
Le conseil des notaires
Mais cette apparente confiance dans l’évolution à court terme du marché immobilier ne résiste pas aux inquiétudes provoquées par la politique d’argent trop facile menée par les banques centrales. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que plus les taux sont faibles, plus les ménages, les entreprises et les États s’endettent et plus les risques d’une nouvelle crise financière paraissent élevés. La hausse des taux qui se profile pour combattre ces effets pernicieux pourrait avoir des effets déplorables sur les prix immobiliers. C’est probablement la raison de cette apparente contradiction chez les notaires qui d’un côté prévoient une hausse des prix à court terme et de l’autre conseillent majoritairement de vendre plutôt que d’acheter en premier. Pour le logement, c’est le cas de 80 % d’entre eux. Pour les terrains, les avis sont beaucoup plus partagés.
Évolution de l'environnement économique
En dépit de ses grèves à répétition et d’une économie sociale mise à mal par les gilets jaunes, la France conserve la première place européenne auprès des industriels étrangers. Pour eux, elle est « attractive par sa main d’œuvre, ses équipements routiers, ferroviaires et logistiques, et une énergie compétitive grâce au nucléaire ». C’est ainsi que fin 2018 étaient recensés 339 projets d’implantation et d’extension, loin devant la Turquie (203) et l’Allemagne (152) ses principaux concurrents, le Royaume-Uni étant très pénalisé par les incertitudes du Brexit .
1 « Les industriels étrangers croient toujours dans les atouts de la France », Economie et Entreprise, Le Monde du 14/01/2020.