Immonot, l'immobilier des notaires
Tendance du marché immobilier - 12 Septembre 2006

Tout va très bien !

BT
Bernard THION

Tout va tres bien

Écoutant les discours de nos gouvernants en plein mois d’Août, il était tentant  de chanter, Tout va très bien madame la marquise ! En effet, les prévisions pour l’année 2006 ce sont considérablement améliorées d’un mois sur l’autre, l’économie française connaissant une réelle embellie au second trimestre. Ainsi, le taux de croissance annuel du PIB progresse de 1,2% à 2,5% sur le premier semestre tandis que le taux de chômage poursuit sa diminution et devrait atteindre 8,6% en fin d’année. L’inflation est maîtrisée, nos exportations croissent plus rapidement que nos importations, l’augmentation des taux d’intérêts marque une pose, et l’évolution des prix dans l’immobilier s’est considérablement assagie… !
Pourtant, le Cercle des économistes qui souhaite participer aux débats de la prochaine élection présidentielle relève de nombreuses faiblesses dans nos activités. Elles concernent notamment le marché du travail, la redistribution des richesses, l’ouverture des services publics, la réforme de l’État, la fiscalité, la recherche et les universités.
Pourtant, en matière de logements les réponses qu’apportent le gouvernement et le législateur aux problèmes du moment et notamment pour les mal-logés peuvent paraître inadaptées. Ainsi, fin août 2005, 24 personnes périssaient dans les incendies de deux immeubles parisiens. Le premier ministre réagissait à cette tragédie en annonçant, le 1er septembre, la réalisation de 5.000 logements d’urgence d’ici la fin du premier trimestre 2006. Malheureusement, aucune construction liée à cette promesse n’a encore été mise en chantier et la question des mal-logés est loin d’être résolue.
Pourtant, une loi portant « Engagement national pour le logement » a été promulguée le 13 juillet 2006 pour répondre à ce besoin. Elle prévoit des dispositions permettant d’accélérer la mise à disposition des terrains appartenant aux pouvoirs publics au profit de la construction de logements, de ramener la TVA de 19,6% à 5,5% pour les opérations d’accession sociale, de moderniser la gestion des offices HLM. Parallèlement, elle introduit de nouvelles avancées en faveur du droit au logement effectif et prévoit l’arrêt des coupures d’eau, d’électricité et de gaz en période hivernale pour les ménages en grande difficulté. En définitive, il semble beaucoup plus aisé de faire voter des lois sur le logement que de reloger décemment les mal-logés. Mais en essayant de pallier les effets plutôt que de traiter les causes on crée de nouveaux déséquilibres dans le marché, qui engendreront eux-mêmes de nouvelles mesures de régulation.
Pourtant le logement est devenu le premier poste du budget des français et un ménage y consacre plus de 21% de son revenu contre 18% il y a 20 ans et la moitié de son épargne. C’est presque le double des dépenses d’alimentation (12%) ou de transport (13%), l’alourdissement étant beaucoup plus sensible ces dernières années, les loyers augmentant suivant les régions et sans discontinuer de 4 à 5% par an depuis 2000.
Mais à  part ça, tout va très bien… conclut la chanson.

 

Évolution prévisionnelle des prix

Suivant le graphique n°2, les perspectives d’évolution des prix ont peu varié par rapport au mois de juin, si ce n’est que, dans le cas du logement, 70% de nos correspondants ont observé leur stabilité contre seulement 56% en juin. C’est une proportion comparable (68%) qui estime que dans les mois qui viennent, les prix ne devraient pas connaître de variation, ni dans un sens ni dans l’autre. Cependant comme 24% des études de notre échantillon demeure persuadé qu’on entre dans une période baissière, contre 7% ayant une opinion inverse, le solde des opinions demeure négatif.
Au niveau des commerces, les anticipations suivent depuis le printemps celles données pour le logement en les accentuant légèrement. Il est vrai que globalement les professionnels ont noté en 2005 une relative stabilité des loyers commerciaux, à un niveau plutôt faible et que, malgré un taux de vacances peu élevé, la reprise tarde à venir.
Concernant le prix des terrains les opinions sont toujours largement positives et n’ont pratiquement pas évolué depuis le début de l’été. Cependant, le nombre de nos correspondants ayant observé des diminutions de prix pour les terrains à bâtir augmente régulièrement depuis le début de l’année. Il est passé de 2 à 9% fin août.

 

Tout va tres bien
Graphique n°2 : Opinions sur l?évolution future des prix

Le conseil des notaires

Peu d’évolution au niveau des conseils sur le logement. Une majorité, 57% des notaires interrogés, penche toujours pour une vente précédant l’achat. Mais le nombre des partisans de l’attente est encore en augmentation et atteint 19% à la fin de l’été. Il est vrai que, statistiquement, après les vacances les prix connaissent une baisse saisonnière.
Mais ce qui est réellement nouveau, c’est la répartition des conseils au niveau des terrains. Entre fin juin et fin août on perçoit une diminution très importante de ceux qui préconisent l’achat au profit de ceux qui lui préfèrent la vente. Le rapport passe ainsi de 59/27 à 47/44, signe évident d’un attrait plus faible pour les terrains à bâtir.

 

Tout va tres bien
Graphique n°3 : Répartition des conseils sur les terrains

Évolution prévisionnelle de l?activité immobilière des études

A la fin des vacances, les opinions de notre panel sur l’activité des études et celle de leurs services négociation sont très proches les unes des autres. Les négociateurs sont devenus en effet moins pessimistes que lors de la précédente enquête puisque seulement 35% d’entre eux contre 45% fin juin considèrent que leur activité pourrait diminuer dans les deux mois à venir. On observe sur le graphique que les mois de juillet et août ont connu, comme prévu un tassement des activités. Ce que Me BINARD à Ploermel confirme tout en relativisant ses effets: « Pas de retournement de marché. la clientèle est attentiste. Atterrissage en douceur des prix. Beaucoup moins de transactions ». Mais le service négociation de l’Étude de Mes PROUVOST et BOUDAILLIEZ à Roubaix va plus loin dans ses réflexions. Fin août il estime en effet que « Beaucoup d'actes seront signés en septembre car très bons mois de juin et début juillet pour la vente de maisons. Depuis c'est le calme plat et plus grand chose à vendre. Les ventes d'appartements sont difficiles suite au changement des normes des ascenseurs et charges importantes. Même si les taux ont augmenté depuis 1 an, ils restent bas ».

 

Tout va tres bien
Graphique n°1: Opinions sur l?évolution de l?activité

Évolution de l?environnement économique

Après sa chute à 4.600 mi-juin, l’indice CAC 40 est remonté en août à 5.100, niveau qu’il avait déjà atteint en avril. Depuis le début de l’année et sur le plan mondial les marchés d’actions hésitent entre déclin et progression. Les hausses de taux sont pénalisantes pour les marchés boursiers puisqu’elles favorisent le placement des liquidités en obligation. Ces hausses de taux sont liées aux risques d’inflation qu’entraînent notamment l’augmentation du prix des matières premières. En revanche, l’augmentation des bénéfices des sociétés ravive l’attrait des marchés d’action. Ces bénéfices sont d’autant plus élevés que l’activité et donc la croissance du PIB (produit intérieur brut) des pays est importante. Comme les perspectives de croissance dans la plupart des pays et notamment en Europe se sont récemment améliorées et que le prix du pétrole est redescendu en dessous de 70 dollars le baril, il n’est pas étonnant que la bourse ait repris quelques couleurs depuis le début de l’été. Sur le plan international, la seule ombre au tableau provient de l’immobilier. En effet, aux Etats-Unis après une période euphorique, le prix des maisons est en train de chuter et le ralentissement immobilier risque à terme d’amputer la croissance. Mais à part cela, tout va très bien !

 


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