Comment loger son enfant étudiant ?

Les études supérieures de votre enfant riment avec budget logement conséquent ! Sur quelles formules faut-il plancher pour résoudre l'équation qui va combiner des conditions favorables pour votre étudiant et une gestion profitable de votre argent...
C’est dans la poche, votre enfant vient de décrocher son BAC ! Il va suivre son cursus universitaire dans une grande ville, éloignée de votre résidence familiale. Il faut donc trouver une solution pour le loger, pendant cette année universitaire et celles qui vont suivre… Certes, il a bien l’intention de mettre à profit tous les bénéfices de son job d’été pour commencer “à voler de ses propres ailes”, mais cela ne suffira pas. Bien évidemment, vous avez intégré cette nouvelle dépense dans votre budget, mais vous vous dites qu’il existe sûrement des moyens de limiter les frais, et pourquoi pas de capitaliser en réalisant un investissement immobilier. Stéphanie Swiklinski, diplômée notaire, se penche sur la question et nous donne les solutions à envisager.
Quels sont les avantages de la résidence universitaire gérée par le CROUS ?
Stéphanie Swiklinski : Dans ce type d’hébergement, le loyer apparaît imbattable. Il faut compter environ 150 € par mois la chambre traditionnelle et 250 € la chambre rénovée. De plus, vous avez la possibilité de déduire l’ALS (Aide au logement social) de votre loyer. Mais attention les places y sont rares ! Seulement 11 % des bacheliers trouvent un logement dans ce type de résidence. Car ces résidences s’adressent en priorité aux étudiants boursiers. Ce qui signifie que le niveau de revenus conditionne en grande partie l’attribution des chambres universitaires. Si l’ambiance y est garantie, mais que le dossier de votre progéniture se voit refusé, rassurez-le en lui rappelant qu’il faut aussi respecter de nombreuses règles de vie.
Quelle différence avec la résidence universitaire privée ?
Stéphanie Swiklinski : Les résidences universitaires privées connaissent actuellement un fort développement. Il s’agit en fait d’une structure proposant des services associés tels que le restaurant, une laverie ou encore une salle de sport… Un concept qui procure des conditions de vie fort appréciables, mais qui se tarifient à un prix plutôt confortable. En effet, le loyer va dépasser d’environ 30 % celui d’un logement “libre” proposé par des professionnels ou des particuliers, pour se situer dans une fourchette allant de 400 à 500 €.
Faut-il investir dans ce type de résidence universitaire privée ?
Stéphanie Swiklinski : C’est une solution à envisager dans la mesure où celle-ci répond à la fois au besoin de logement de votre enfant et vous permet de bénéficier d’avantages fiscaux. Dans ce cas, le remboursement de l’emprunt que vous pouvez contracter pour financer le bien se substitue au montant du loyer et de plus, la loi Censi-Bouvard – valable jusqu’en décembre 2016 – donne lieu à une réduction d’impôt égale à 11 % du prix du logement, répartie sur neuf années (à raison d’un neuvième de son montant chaque année). Bémol toutefois, comme la résidence étudiant dépend d’un gestionnaire, aucune certitude que le logement acquis profitera à votre enfant, sauf à le négocier avec lui.
Quelle différence avec le dispositif Pinel ?
Stéphanie Swiklinski : C’est vous qui devenez le gestionnaire du bien, sachant que vous profitez aussi d’avantages fiscaux. La formule consiste à devenir acquéreur d’un logement neuf dans l’agglomération où votre enfant effectue ses études. Pensez à vérifier que seules les villes appartenant aux zones A et B sont éligibles au dispositif Pinel. Mais l’avantage repose sur le taux de la réduction d’impôt, qui représente jusqu’à 21 % du prix d’acquisition de l’appartement, à condition de le louer pendant 12 ans. Précision importante, l’administration fiscale autorise à louer le bien à un ascendant comme un descendant. Dans cette hypothèse, l’argent que vous consacrez pour loger votre enfant étudiant sert à rembourser la mensualité de votre crédit, plutôt qu’à payer un loyer ! Sur un plan patrimonial, l’argent investi permet de capitaliser, en devenant propriétaire d’un appartement financé à crédit. Par conséquent, la formule apparaît des plus séduisantes, d’autant que le bien pourra être renégocié après la phase de défiscalisation et constituer un apport financier en cas de nécessité.
Faut-il prêter ou louer son appartement à son enfant ?
Stéphanie Swiklinski : Vous pouvez prêter gratuitement un logement à votre enfant. Le souci c’est que dans ce cas, vous ne pourrez déduire de vos revenus locatifs les charges afférentes à l’immeuble. Il est également possible de le lui louer. Il faudra le faire impérativement par écrit – en établissant un bail – et en fixant un loyer en cohérence avec les prix du marché local. L’administration tolère un abattement de 10 %. Vous aurez ainsi la possibilité de déduire les charges locatives de votre déclaration de revenus. L’inconvénient, c’est que votre enfant ne pourra pas bénéficier des allocations logement.
Existe-t-il d'autres formules pour aider provisoirement ses enfants ?
Stéphanie Swiklinski : Oui, avec la donation temporaire d’usufruit. Ici, vous ne fournissez pas le logement, mais vous donnez à votre enfant les moyens financiers de louer son propre appartement. En effet, si vous êtes propriétaire d’un bien, vous pouvez en conserver la nue-propriété, mais vous en donnez l’usufruit (la jouissance) à votre enfant. Grâce à cette technique patrimoniale, il percevra les loyers pendant une durée déterminée, le temps qu’il termine ses études par exemple. La donation revêt donc un caractère temporaire. Cela représente une bonne alternative pour lui procurer des revenus et limiter vos charges mensuelles, en attendant son entrée dans la vie active.
Se porter caution : quelle décision prendre ?
Les étudiants ne percevant généralement pas de revenus, les propriétaires-bailleurs demandent logiquement que les parents se portent caution. Dans ce cas, ils s’engagent à payer le loyer si leur progéniture n’honore pas ses engagements. La caution constitue le “sésame” pour pouvoir louer un appartement avec le statut étudiant. Cette procédure conduit à signer un document dans lequel les parents s’engagent à une caution solidaire, en rédigeant une mention manuscrite… histoire de bien prendre conscience de l’étendue des enjeux financiers.
Propos recueillis par C. Raffaillac le 16/08/16
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