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Regard sur l'actualité - 1 Octobre 2014

La dette en question


La dette en question

La dette publique fait l'objet de débats passionnés, certains y voyant la source de tous nos malheurs. Mais il faut raison garder. Tous les pays riches sont endettés à des niveaux plus ou moins élevés. Leur endettement devrait se mesurer à l'aune de leur richesse et de leurs possibilités de remboursement et non de critères juridiques.

La réalité de la dette publique

Tous les pays riches sont endettés, comme d'ailleurs un ménage sur deux et une majorité d'entreprises. La dette publique en soi n'a rien de néfaste. C'est son niveau qui peut poser problème.

Le tableau donne les montants atteints par la dette publique fin 2013 pour les cinq pays les plus riches du monde (hors la Chine) et la compare à leur PIB. Les chiffres peuvent paraître considérables.

Pour chacun des trois pays européens, la dette publique est proche de deux mille milliards d'euros, chiffre multiplié par 4 pour le Japon et par 6,5 pour les Etats-Unis. Dans tous ces Etats, elle n'a cessé de croître depuis le début de la crise.

Cependant, ces chiffres sont à relativiser, dans la mesure où les actifs détenus en contrepartie, tout en ne représentant qu'une faible partie de la richesse du pays, couvrent intégralement leurs dettes. L'essentiel de cette richesse est, en effet, détenu par des particuliers.

C'est ainsi que pour la France, le patrimoine public, mesuré par l'écart entre actifs et dettes publiques, ne représente que 5 % du total de la richesse du pays, les 95 % restants appartenant aux ménages (1).

1. Voir Thomas Piketty, "Le capital au XXIe siècle", Editions du Seuil.

Les inconvénients réels ou supposés de la dette

On reproche souvent à la dette de faire supporter aux générations futures les erreurs de gestion faites par leurs parents. C'est faire abstraction du patrimoine légué en compensation (en France, il est supérieur de 30 % au montant de la dette).

Certains s'indignent aussi de voir que les intérêts payés chaque année au titre de la dette publique sont presque équivalents à ce que rapporte l'impôt sur le revenu.

Mais ces intérêts compensent aussi les loyers que l'Etat aurait à verser aux acquéreurs s'il avait remboursé ses dettes en revendant les actifs accumulés.

Une manière radicale de supprimer la dette publique serait de privatiser tous les bâtiments publics, écoles, hôpitaux et infrastructures diverses, comme cela a déjà été fait pour les autoroutes. Il n'est pas sûr que la démocratie en soit gagnante.

La gestion de la dette et le traité de Maastricht

L'argument le plus sérieux sur le niveau élevé de notre dette publique, c'est le non-respect des règles du traité de Maastricht.
Il fixe à 60 % du PIB le montant maximum à ne pas dépasser. Il n'y a pas d'explication rationnelle à cette limite, si ce n'est qu'elle est la conséquence de la création d'une monnaie commune, sans un état unifiant les différents pays qui l'utilisent. Seul un tiers des pays de la zone Euro respecte cette limite.

L'Allemagne et la France la dépassent allègrement, mais se font actuellement financer le remboursement de leur dette à des taux négatifs.

Les prêteurs sont tellement convaincus que leurs créances seront remboursées, qu'ils n'hésitent pas à payer un intérêt pour avoir la possibilité de leur prêter de l'argent. Le FMI considère qu'à 120 % du PIB, une dette demeure supportable. Il est donc malvenu de critiquer la gestion de la dette publique au seul motif qu'elle s'écarte des critères d'un traité controversé.

D'ailleurs, même l'Allemagne n'est pas encore parvenue à diminuer sa dette par la contraction de ses dépenses. En outre, les politiques d'austérité qui privilégient le remboursement de la dette publique par l'application de règles draconiennes au niveau budgétaire, ont été mises à l'index par le FMI et nombre de prix Nobel d'économie. Elles ont tendance à entraîner les pays dans la déflation, laquelle accroît le poids réel de leur dette.

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