La Pierre se reconstruit !
Quelque peu ébranlé par la hausse des taux d'intérêt, le marché immobilier retrouve de la stabilité depuis la fin de l'été… Les notaires pronostiquent en effet une inflexion du recul des transactions et une stabilisation des prix pour cette fin d'année.
Tendance concernant l'activité
Après les consultations électorales puis les jeux olympiques, le marché immobilier a connu un véritable trou d’air pendant lequel l’activité s’est quelque peu endormie. En cette fin d’été, nous retrouvons un marché sensiblement le même qu’à la fin du printemps, à la différence que nous avons un nouveau Premier ministre et son gouvernement. D’où les hésitations des intervenants qui, dans ce climat d’incertitudes politiques, se traduisent notamment dans le Nord et, suivant Amandine LEFEBVRE, par un « marché compliqué sur la métropole lilloise, des clients exigeants et peu d'offres ». Cependant, après cet assouplissement temporaire, l’espoir d’une rentrée plus active amène nos négociateurs à plus d’optimisme qu’il y a deux mois. C’est ainsi que si 15 % d’entre eux prévoient encore une baisse du volume des transactions contre 58 % en juin, sa stabilité à 74 % contre 35 %, la part des optimistes pour les deux mois à venir remonte de 7 % à 11 %.
On notera aussi que, graphiquement et depuis près de 18 mois, les anticipations de notre panel de négociateurs reconduisent peu ou prou les tendances du moment. Cela n’a rien de très étonnant si l’on se réfère au volume global des transactions qui, durant cette période, s’est contracté en permanence en dépit d’une légère diminution des taux en 2024, offrant un horizon quelque peu bouché.
Tendance concernant les prix
Avant la période électorale, la baisse des taux semblait devoir s’intensifier à partir de septembre, présageant une amélioration du marché immobilier. Mais au lendemain du vote pour les élections européennes, les taux à 10 ans des OAT, qui influencent le crédit immobilier, sont passés de 2,99 % en mai à 3,25 % rappelant que les incertitudes politiques actuelles peuvent aboutir à une variation des taux en fonction du programme des majorités sortantes. Cependant, le marché actuel, issu à la fois de ces incertitudes et des conditions de crédit qui éliminent les primo-accédants, laisse espérer que la légère reprise de la fin du printemps se perpétue cet automne. Elle devrait se traduire à la fois par une amélioration du niveau des transactions et une stabilisation des prix, non seulement dans les zones rurales où ils ont peu évolué mais aussi dans les zones urbaines et côtières.
Le solde des opinions sur l’évolution des prix connaît ainsi une amélioration, quel que soit le segment du marché. Elle repose sur une diminution des anticipations négatives avec, en contrepartie, plus de stabilité. Pour les logements, la proportion des négociateurs à prévoir une baisse des prix se réduit de 67 % fin juin à 44 % fin août, pour les terrains de 68 % à 37 % et pour les commerces de 70 % à 32 %.
Le conseil des notaires
Les incertitudes sur le plan politique dominent tant en France qu’aux États-Unis. Peu probable dans ces conditions que le marché se redresse avant la fin de l’année. Dans un marché baissier, pour tout renouvellement d’un bien, la vente en premier s’impose avant toute acquisition. C’est ce que conseillent 89 % de nos correspondants pour le logement. En ce qui concerne les terrains constructibles, l’échéance étant à plus long terme puisque liée au marché du neuf et aux délais de construction, les avis sont un peu plus partagés. Si 74 % de nos correspondants privilégient la vente en premier, 15 % envisagent d’abord l’achat et 11 % préfèrent conserver une position attentiste.
Mais la meilleure solution est de coupler la revente d’un bien ancien avec l’achat d’un nouveau. Ce que permet la vente en ligne et tout particulièrement celle utilisant la plateforme 36h-immo.
Évolution de l'environnement économique
Suivant un récent sondage pour Les Echos, 84 % des Français se déclarent inquiets pour la situation économique et 80 % estiment qu’il est urgent de réduire la dette. Quels sont les chiffres sur lesquels repose ce sentiment ?
Selon les prévisions du Trésor français, le déficit public devrait atteindre 5,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024 et pourrait monter à 6,2 % en 2025. Chiffres bien éloignés des 3 % de déficit fixés par le traité de Maastricht et qui ont conduit à placer la France en procédure de déficit excessif. En outre, ce traité fixe à 60 % du PIB le montant maximum de la dette publique alors qu’elle atteint en France 110,6 % soit plus de 3 101 milliards d’euros. Mais environ la moitié des pays membres de l’UE ont une dette supérieure à la norme de 60 % et 6 pays dépassent les 100 %, la France se classant 3e derrière la Grèce et l’Italie. Quant au déficit des finances publiques, 11 pays dépassent les 3 % en 2023, la France se classant 4e derrière l’Italie, la Hongrie et la Roumanie. Pour notre pays, un retour dès 2027 du déficit sous les 3 %, comme exigé par le pacte de stabilité, supposerait de réaliser environ 110 milliards d’économies sur un total de dépenses annuelles d’environ 1 600 milliards d’euros.
Bernard THION
Bordeaux, le 19 septembre 2024