Santé de fer pour la pierre !

Pleins d’entrain depuis qu’ils ont été déconfinés, les Français font de nombreux projets ! Avec un intérêt marqué pour l’immobilier puisque les intentions d’achat ont fleuri cet été tandis que les prix n’ont pas connu de forte poussée ! Voilà des résultats qui témoignent de la santé préservée du marché.
Tendance concernant l'activité
En dépit du nouvel engouement des citadins pour les maisons à la campagne, on pouvait s’attendre durant cette période estivale à un léger répit de l’activité immobilière. Or, il n’en a rien été, bien au contraire. Alors que parmi nos négociateurs, 17 % prévoyaient un affaiblissement de leur activité et 42 % son amélioration, ils ne sont que 13 % à avoir constaté une baisse contre 65 % une hausse du nombre des transactions. Du jamais vu depuis que cette rubrique existe ! Près de Compiègne, Eric Fossiez résume ainsi la situation : « Grosse activité en juillet et août avec beaucoup de biens vendus. Le marché entre en "pénurie de biens à vendre" avec une stabilité des prix ». Mais cette évolution particulièrement favorable ne peut durer indéfiniment. C’est ainsi qu’une majorité de nos correspondants redoutent un tassement d’activité lors de la rentrée. D’où une chute tout aussi étonnante dans leur prévision, un bon tiers (36 %) prévoyant une baisse contre 20 % anticipant une poursuite de cette situation fort propice aux affaires.
Tendance concernant les prix
Il peut paraître étonnant que cette recrudescence de la demande de biens immobiliers n’ait pas entraîné une augmentation de leur prix. L’une des explications serait que, dans un avenir très incertain, la peur des vendeurs de ne pouvoir trouver rapidement un acheteur ne les ait amenés à modérer leurs exigences. Ainsi, la proportion des négociateurs prévoyant une hausse du prix des logements s’effrite légèrement en passant de 22 % à 20 % alors qu’elle s’établit à 11 % pour les pessimistes, une majorité penchant toujours pour leur stabilité. Il en résulte un solde d’opinions de 9 %. Ce solde s’élève à 14 % pour les terrains, en légère augmentation par rapport à notre précédente enquête.
Pour les commerces, cette répartition est de 53 % pour la baisse des prix, 44 % pour leur stabilité et 3 % pour leur amélioration. D’où une très modeste élévation du solde qui pourrait correspondre à la légère amélioration du commerce de proximité au détriment de celui des grandes surfaces.
Le conseil des notaires
Cette apparente urgence dans la multiplication des transactions immobilières semble être, pour partie, la traduction d’une inquiétude sur l’avenir. Le conseil des notaires, qui s’oriente dans 86 % des cas vers la vente plutôt que vers l’achat en premier, alors qu’en majorité ils prédisent une augmentation même légère des prix, est probablement un témoin de leurs appréhensions. Mieux vaut une bonne affaire immédiatement car on n’est pas sûr qu’elle puisse se reproduire dans un futur proche. En juin, on pouvait encore imaginer que la tempête économique soulevée par le coronavirus serait plus ou moins apaisée à la rentrée. Sachant que la période de confinement avait débouché sur une forte augmentation de l’épargne des ménages, on pouvait aussi parier sur une reprise économique durable et donc différer un projet immobilier. Or, l’épidémie de coronavirus semble loin d’être maîtrisée, ce qui devrait impacter l’évolution du marché et amener acheteurs et vendeurs à maintenir leurs plans voire à les précipiter.
Évolution de l'environnement économique
La reprise des affaires que l’on connaît depuis le déconfinement semble devoir se poursuivre mais à un rythme plus faible lié aux nouvelles incertitudes sanitaires et économiques. C’est ainsi que l’activité dans les services apparaît moins dynamique que prévue, aussi bien dans la Zone euro qu’aux États-Unis. Pour pallier cette insuffisance, le gouvernement a lancé le plan France Relance de 100 milliards d’euros répartis à égalité entre trois volets : amélioration de la compétitivité des entreprises, le renforcement de la cohésion sociale (emploi des jeunes, chômage partiel…) et la transition écologique. Ces mesures devraient aussi permettre de soutenir le marché immobilier dans la mesure où elles vont limiter la hausse du chômage qui participe pour beaucoup aux incertitudes des acheteurs potentiels.
Bernard THION
Bordeaux, le 13 septembre 2020